Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Franz Werfel. "— Regarde donc de vrais prolétaires en train de mourir. C'est tout simplement enthousiasmant. Ils n'ont ni peur ni exigences. C'est une chose faite. Ils s'abandonnent, ils sont contents, ils sont tranquilles. Tous les prolétaires meurent égaux. Il n'y a que les bourgeois qui meurent différemment. Jusqu'aux plus petits. Tout bourgeois a sa façon particulière de ne pas vouloir mourir. Cela provient de ce qu'il craint, avec la vie, de perdre encore quelque autre chose, un compte en banque, un livret d'épargne crasseux, un nom considéré ou un sofa branlant. D'ailleurs, axiome: on appelle bourgeois celui qui possède un secret. (...) — Mon cher, puisque tu parles de la morale de la mort, moi j'ai appris jusqu'ici qu'il n'y a qu'une sorte d'homme qui meure vraiment à contre-cœur. Tu veux savoir qui ? Vous, les Juifs."