Ils étaient trois gamins qui vivaient dans un bourg des marches de Bretagne, entre Fougères et Vitré, dans les années trente de ce siècle : Tardy, Lallié et Merlet. Trois garçons passionnés, tenaces et tendres, qui portaient dans leur tête et dans leur cœur, naïvement mais fermement, les rêves et les certitudes de l’époque en leur pays : la France et Dieu. La France, c’est plus que la France, alors, c’est l’empire - l’empire français, tout rose sur les cartes du monde, immense - et singulièrement l’Afrique. On rompt les amarres avec le village immobile et l’on voit s’ouvrir le domaine de l’évasion, de l’aventure, de la générosité, de l’action… Ainsi rêvaient des centaines de milliers de petits Français en ces temps cruels qu’ils apprenaient difficilement à lire, découvrant, au fil des événements, le mensonge et la lâcheté des adultes, l’effondrement de toutes les valeurs enseignées, jusqu’à ces jours de juin 1940 où la France se défait sous leurs yeux. Les chevaux allemands boivent dans la Loire. Des trois garçons, l’un est mort ; il reste aux deux autres à tout réinventer. Tardy, Lallié et Merlet sont les frères des hommes qui ont soixante ans aujourd’hui, et ceux-ci, avec émotion, se reconnaîtront en eux. Mais les fils, et bientôt les petits-fils de ces derniers, sauront lire dans cette histoire leur propre histoire : leurs rêves, leurs exigences, leurs interrogations inquiètes, leurs illusions. Ainsi est L’herbe tendre : le roman de toutes les générations, passées, présentes et à venir. Par un très grand conteur : André Voisin.
