Qu’est-ce qu’un régicide ? Le fait d’assassiner un chef d’Etat, qu’il soit empereur, président, dictateur, führer, duce, consul, protecteur. Mais c’est aussi l’homme qui commet cet acte. Partant de cette double définition, Jacques Chabannes a tenté de reconstituer l’histoire des régicides à travers les âges et cela l’a conduit à un étrange et passionnant survol de l’histoire mondiale. D’une centaine d’attentats, réussis ou manqués, depuis l’assassinat d’Agamemnon par Clytemnestre jusqu’à celui de Kennedy, il se dégage deux catégories de fanatiques. Les régicides « mystiques », que symbolisent Judith et Brutus et qui, jusqu’à Oswald, ont tous les mêmes caractéristiques. Solitaires, insatisfaits, orgueilleux, il sont avides d’être célèbres et persuadés qu’ils ont une mission à accomplir : « religieuse », comme Ravaillac ou « anarchiste », comme Casério. Mais aussi — et ce sont les plus nombreux — les criminels de droit commun placés sur les marches du trône, à portée du pouvoir, ou des femmes séduites comme Clytemnestre, ou dévorées d’ambition comme Frédégonde ou Catherine II. Pour mener à bien cet ouvrage, il fallait allier à une inébranlable érudition et à une somme considérable de recherches la liberté d’expression qui rende un tel livre plaisant à lire. Or, Jacques Chabannes romancier vient ici en aide à Jacques Chabannes historien. Chacun de ses récits est un « portrait » authentique, un tableau rapide et vivant du temps et du milieu où le drame se déroule. Hallucinant défilé de visionnaires en tous genres, ramassis de damnés tendant les mains vers le sceptre ou le fauteuil du chef de l’Etat, tueurs sans scrupules ou empoisonneurs subtils, fanatiques délirants ou assassins méthodiques, telle est cette galerie de monstres (dont beaucoup s’avéreront par la suite excellents chefs d’Etat et bons pères de famille).
