« Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Quand on a le privilège d’être reçu au sein d’une famille comme la vôtre, on n’arrive pas les mains vides. Et si on est l’invité levantin que je suis, on arrive même les bras chargés. Par gratitude envers la France comme envers le Liban, j’apporterai avec moi tout ce que mes deux patries m’ont donné : mes origines, mes langues, mon accent, mes convictions, mes doutes, et plus que tout peut-être mes rêves d’harmonie, de progrès et de coexistence.
Ces rêves sont aujourd’hui malmenés. Un mur s’élève en Méditerranée entre les univers culturels dont je me réclame. Ce mur, je n’ai pas l’intention de l’enjamber pour passer d’une rive à l’autre. Ce mur de la détestation - entre Européens et Africains, entre Occident et Islam, entre Juifs et Arabes -, mon ambition est de le saper, et de contribuer à le démolir. Telle a toujours été ma raison de vivre, ma raison d’écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie. Sous l’ombre protectrice de nos aînés. Sous le regard lucide de Claude Lévi-Strauss. »
A. M.
Ce volume reprend le discours de réception à l’Académie française d’Amin Maalouf, prononcé le 14 juin 2012, suivi de la réponse de Monsieur Jean-Christophe Rufin.
Comme le veut la tradition, ces deux textes sont suivis du discours de remise de l’épée, prononcé par Jean d’Ormesson.