En novembre 2008, lors de l’élection de Barack Obama, des millions de téléspectateurs du monde entier ont vu des images du Kenya et des Etats-Unis, reflets des liens historiques existant entre les continents africain et américain. ll ne manquait que les rivages de l’Amérique du Sud et les images de mégalopoles européennes pour que les contours complets de « l’Atlantique noir » apparaissent de manière tangible. Cette notion géo-historique, forgée par le sociologue anglais Paul Gilroy au début des années 1990, a doté l’anthropologie des sociétés et des cultures afro-américaines d’objets, de problématiques et de cadres théoriques nouveaux. Elle étudie les productions culturelles afro-américaines en évitant le piège des oppositions binaires (essentialisme/anti-essentialisme, tradition/modernité) et dessine les routes maritimes de la terreur esclavagiste comme étant une dimension consubstantielle de la modernité. Révélant l’océan Atlantique comme lieu de circulation, de création et de résistance culturelle, l’ouvrage de Gilroy est rapidement devenu un classique des sciences sociales, discute dans plusieurs pays, langues et disciplines. Comment historiens, anthropologues, géographes ou sociologues d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe se sont-ils approprie la démarche et les problématiques de l’Atlantique noir ? Quels échos renvoie cette notion lorsqu’elle est travaillée depuis ses différentes franges côtières ou pour des époques différentes ? Quels sont les enjeux - politiques, épistémologiques des multiples débats qu’elle a suscites ? En quoi les perspectives ouvertes par cette approche novatrice ont-elles transforme la manière de penser les relations entre les trois continents ? C’est à ces grandes questions qu’entend répondre cet ouvrage, qui offre une polyphonie d’échos des travaux de PaulGilroy et en atteste l’impact dans la pratique des sciences sociales en ce début de XXIe siècle.